Le Cercle de Craie caucasien

 

Montée en 2013 par Les Cabotins, Le Cercle de Craie Caucasien est une des pièces majeures du dramaturge allemand Bertolt Brecht. Pour Alban Lebrun, elle a été l’occasion de mettre à l’épreuve de la scène ses masques en tissus pour la première fois. Ce n’est pas un hasard si cette pièce a été choisie. En effet, le travail du masque est cohérent avec la théorie de Brecht sur la « distanciation » : il s’agit d’éloigner le réalisme du théâtre, mettre une distance entre ce qui est raconté et le public, pour éveiller son sens critique. Le masque participe à cette distance.

Dans la mise en scène d’Alban Lebrun, tous les personnages ne sont pas masqués.

Les soldats portent des masques effrayants, ils symbolisent la force, l’inhumanité, l’uniforme. Ces masques sont inspiré des armures des samouraïs.

16-DSC_0033Dans la montagne, les contrebandiers qu’on appelle ici pudiquement « marchands » portent des demi-masques pour se dissimuler, mais leur personnalité déborde leurs masques. Ces personnages ressemblent à leurs lointains cousins de la commedia dell’arte. Ils sont bavards et expressifs.

La noce est vécue par Groucha, la fiancée, comme un cauchemar : les invités portent des masques malveillants, jaloux, indiscrets, terrifiants. On est ici plongé dans le carnaval, ou plus précisément les mascarades d’Europe de l’Est. La noce et la mariée sont tournées en dérision. Groucha est au fond du trou.

À la fin du spectacle, un couple de vieillards entre au tribunal pour divorcer. Leur arrivée est tout à fait incongrue et incompréhensible, mais à leur corps défendant c’est par eux qu’arrive le dénouement. Les deux vieux portent des masques larvaires qui signent leur étrangeté, leur incongruité, comme s’ils débarquaient d’une autre planète.