Stage de création de masque en tissu

Entre février et avril 2019, venez réaliser votre propre masque et découvrez comment le porter. Pour la première fois, Alban Lebrun propose un stage de réalisation de masque en tissu avec les Cabotins et la maison de quartier Jaques Audiberti à Palaiseau. Un Stage de 12 jours pour tous les âges réparti sur les vacances scolaires du 25 février au 3 mars et du 22 au 28 avril 2019.

Dans un premier temps, les participants vont chacun réaliser un masque de théâtre en tissus, en étant accompagné sur chacune des étapes du processus : réalisation d’une maquette, choix des matériaux, techniques de couture. La deuxième partie du travail sera consacré au jeu masqué. Les participants vont faire l’expérience du port du masque, chacun utilisant le masque qu’il a réalisé et ceux des autres pour observer l’image que renvoi le masque, comment le corps est amené à bouger avec, les interactions entre deux personnages… Dans un troisième temps, le groupe se posera la problématique de la rencontre avec le public : une ou plusieurs performances masqués seront organisée en publique

Prendre le temps pour bien faire

Le stage dure 50 heures qui sont réparties entre les vacances scolaires de février et de printemps 2019. La première partie (février) sera consacrée à la conception et à la réalisation du masque, la seconde partie (printemps) sera consacrée à la finalisation du masque et à l’approche scénique. Libre à chaque participant d’avancer dans son travail entre ces deux rendez-vous.

Infos pratiques

Le stage est animé par Alban Lebrun, animateur des Cabotins, également costumier et facteur de masques. Alban Lebrun réalise des masques en tissus depuis 2012. Cette activité est proposée par Les Cabotins en partenariat avec les Maisons de quartier Jaques Audiberti.

         

Le coût de ce stage pour chaque participant s’élèvera à 150€. Ce coût comprend l’adhésion à l’association, l’encadrement par un professionnel, les outils et les matières premières utilisées.

télécharger le tract :Tract atelier masque 2019

Atelier de théâtre masqué

Un masque est fait pour être porté

Depuis 2011, Alban Lebrun enseigne le théâtre et transmet à ses élèves l’art de porter le masque. Cette approche est une étape intéressante dans le parcours du comédien, car il développe la conscience de son corps, il engage le mouvement, aborde de manière originale le travail des émotions, annule le superflu et va à l’essentiel. Ainsi la pédagogie du masque est dispensée dans de nombreuses écoles de théâtre, comme la prestigieuse École Jacques Lecoq.

Sous le masque, l’acteur est seul, nettoyé de ses habitudes et des artifices qui le protègent. Sous le masque, tout est différent. L’acteur va devoir retrouver petit à petit le corps du masque, le regard du masque, la voix du masque. Sous le masque, l’émotion du personnage n’est pas feinte : elle est absolue, radicale, instantanée. Contrairement aux idées reçues, le masque n’est pas figé. Il donne à voir, il surprend, il est au service du comédien qui le porte, à condition que le comédien soit au service du masque.

L’atelier Théâtre Masqué animé par Alban Lebrun et le Théâtre du Tapis Volant se propose d’explorer en douceur et de manière expérimentale les multiples facettes du masque. À chaque séance, des masques originaux fabriqués par Alban Lebrun sont mis à disposition des élèves. Chaque masque est différent et réclame une manière bien à lui d’être porté. De la même manière, chaque corps est différent et portera ce masque de façon singulière.

Cet atelier s’adresse à des élèves de tout niveaux, y compris débutants, tentés par cette aventure hors des sentiers battus.

Stage de théâtre masqué septembre-octobre 2018

Prochain stage : 28 septembre, 5 et 12 octobre!

Venez découvrir le théâtre de masque !

Au cours des 3 séances proposées, le comédien va découvrir le masque de théâtre en tissu : masque neutre, masque expressif, masque larvaire. Sous le masque, l’acteur est seul, nettoyé de ses habitudes, et des artifices qui le protègent. Sous le masque tout est différent. L’acteur va devoir trouver petit à petit, pas à pas, le corps du masque, le regard du masque, la voix du masque. Comme support de travail, seront utilisés les improvisations, le costume, la musique… Un choix varié de masques sera mis à disposition lors de chaque séance, tous réalisés par Alban Lebrun. Le stage est ouvert à des adultes de touts niveaux, y compris débutants, qui auront à cœur d’expérimenter une forme de théâtre qui sort du réalisme, aborde de manière originale le travail des émotions, engage le corps, la voix, annule le superflu et va à l’essentiel.

À Gif-sur-Yvette les vendredi 28 septembre, 5 et 12 octobre. De 20h à 22h. Salle de la Poste. 70 € pour trois séances. Stage proposé par le Théâtre du Tapis Volant et animé par Alban Lebrun.

Descriptif du stage en pdf : Stage masque septembre-octobre 2018

Werner Strub et le théâtre

 

Werner Strub, facteur de masques suisse (1935-2012) est incontestablement la référence majeure dans le domaine des masques de théâtre en tissus.

D’abord attiré par les masques de commedia dell’arte d’Amleto Sartori, il commence à travailler le cuir de manière autodidacte avant de se diriger vers le tissu, auquel il incorpore des éléments végétaux, de la fourrure ou d’autres matières encore.

 

Sa technique bien à lui s’affranchit des codes et des conventions. Son travail, d’une précision inouïe, invente à chaque fois un personnage extraordinaire, plein d’une humanité désarmante ou d’une bestialité effrayante, parfois les deux en même temps. Il collabore avec les grands noms du théâtre suisse comme Benno Besson.

Sur la fin de sa vie, Werner Strub se tourne vers un travail très différent : les masques en fil. Simples, délicats, transparents et d’une expressivité étonnante, ces masques qui sont comme la mue du serpent donnent à voir le vide qu’il contiennent, la trace de l’homme dans le temps.

La trace de Werner Strub dans l’histoire du théâtre et celle du masque est immense, tout comme sa production qui ne cessera pas de sitôt d’inspirer les artistes.

Masques de Roumanie

            

Dans toute l’Europe, la tradition des masques dans les fêtes populaires est encore bien vivante sous des formes très variées. Ces fêtes tapageuses trouvent leurs racines dans des rituels païens, avec un rapport direct au monde animal et végétal, au cycle des saisons. Elles ont paradoxalement été maintenues en vie par le clergé chrétien qui, incapable de combattre ces traditions liées à des croyance animistes, chamaniques, polythéistes, les a intégrées à son propre calendrier.

En Europe occidentale on connaît surtout le Carnaval, qui a lieu avant ou pendant le carême, c’est-à-dire à la fin de l’hiver. En Europe orientale il y a les « Mascarades », qui interviennent plutôt entre Noël et le Jour de l’an. C’est le cas en Roumanie, où Alban Lebrun est allé à la recherche de ces traditions survivantes d’un étonnant passé.            

Tout au long de l’année, dans le village, un groupe d’hommes (les femmes sont exclues) se rassemble pour préparer les masques, les costumes, répéter la musique, les chants, la danse. Les rôles sont archétypés, et sont répartis d’une manière bien précise. Suivant les régions, avec plus ou moins d’importance, on retrouve les figures humaines types : le bourgeois, la bourgeoise, le policier, la tzigane. Mais aussi des figures animales : l’ours, la chèvre, le cerf. Et enfin, des personnages métaphoriques : l’envieux, le diable, l’homme sauvage… Ces manifestations des masques sont rarement institutionnalisées, et quand elles le sont elle débordent largement les parcours autorisés.

À Chiuzbaia dans les Maramures, le 24 décembre, un groupe de jeunes garçons attend patiemment dans la neige la sortie de la messe. Ils portent des masques rectangulaires en toile de laine, avec des pompons rouges le plus souvent (rouge pour détourner le regard du diable). Comme attirail : des cornes, des cloches de vaches et un long fouet de chanvre tressé. Ils s’apprêtent à fouetter les jambes des fidèles qui sortent de l’église. Cela pour porter bonheur pour l’année à venir !

À Putna en Bucovine, le 31 décembre, la Malanka, composée d’un groupe d’hommes adultes, se déplace de maison en maison et joue avec cérémonie l’ensemble de chorégraphie rituelle. La mort et la résurrection de l’Ours sont très attendues. Accompagné de cuivres et de percussions, le chant est plutôt scandé que chanté. La visite de chacune des maisons apporte bonheur et fertilité pour la nouvelle année. On remercie les participants en leur offrant à boire, mais on ne verra pas leurs visages. Il se sont mis en route le 31 décembre à midi devant l’hôtel de ville, et leur circuit durera jusqu’à l’aube du premier janvier.

À Târgu Neamt, tous les villages alentour ont investi la rue principale de la ville le 2 janvier, en groupes distincts. On voit un véritable troupeau d’ours se rouler par terre. On entend le clap clap clap des chèvres qui claquent leur mâchoires de bois, entre lesquelles les enfants jouent à se faire peur en y glissant les mains. Il y a même des groupes de tziganes, reconnaissables à leurs costumes bariolés et couverts de paillettes, qui, une fois n’est pas coutume, ont leur place dans la société roumaine à l’occasion de cette grande festivité.

         

Les masques au théâtre

Le masque de théâtre est aussi vieux que le théâtre lui-même. C’est dans la Grèce antique qu’on trouve ses origines. À l’époque, le théâtre a une dimension sacrée. L’homme ne peut pas se montrer sur scène avec son vrai visage, ce serait une offense pour les dieux à qui il s’adresse autant qu’aux spectateurs. Le masque est aussi là pour grossir le visage : les lieux de théâtre sont immenses et les derniers rangs très éloignés des acteurs. Les masques servaient-ils aussi de porte-voix ? C’est probable. En tout cas le texte a une importance majeure. C’est le texte que l’on vient écouter, il n’y a aucun souci de réalisme en ce qui concerne le jeu des acteurs.

On retrouve cette dimension sacrée dans le Nô, théâtre traditionnel japonais. Le Nô est la forme théâtrale la plus aboutie de la civilisation japonaise. Codifié dans sa forme actuelle au XIVe siècle, il trouve sa source dans des danses et pantomimes religieuses plus anciennes encore. Les masques Nô sont sculptés dans du bois de cyprès, toujours selon les même règles ancestrales.

En Asie, les arts dramatiques masqués traditionnels sont multiples. En plus du Japon, on en trouve en Chine, Corée, Indonésie, Thaïlande, Inde, Tibet, Népal… Le plus souvent, ces formes sont liées au sacré.

Au XVIIe siècle, c’est la commedia dell’arte qui réveille le masque en Europe. Jusqu’à aujourd’hui c’est d’ailleurs la forme de ses masques en cuir qui s’impose dans l’imaginaire collectif. Très expressifs, les masques de commedia répondent eux aussi à des codes de jeu précis. Le corps est dynamique, élastique, mû par une folle énergie. De par sa forme, le masque est bavard : ce sont des demi-masques qui laissent au comédien l’usage de sa bouche, et donc de la parole. Dès son origine, la commedia dell’arte est un art éminemment populaire.

Au XXe siècle, siècle des metteurs en scène et des pédagogues du théâtre, le masque a été infatigablement revisité et questionné. La découverte la plus innovante est sans doute celle du masque « neutre » (ou masque « noble ») par Jacques Copeau. Ce masque a tout d’abord une vocation pédagogique : en annulant le visage de celui qui le porte, il donne la parole à son corps. Les émotions sont vécues de manière plus intense, plus vraie. Le Carnaval de Bâle (Suisse) et son célèbre masque « larvaire » a aussi inspiré tout une génération de femmes et d’hommes de théâtre. L’étrangeté de ce masque, sa surdimension, amène l’acteur à s’inventer un autre corps, une autre dynamique, un autre rythme. C’est également l’étrangeté du masque qu’utilise Bertolt Brecht pour mettre une distance entre l’acteur et le public. Cette fameuse « distanciation » permet de développer le sens critique du spectateur plutôt que de le submerger d’émotions.

À New York, la mythique troupe du Bread and Puppet utilise aussi bien le masque que la marionnette dans ses mémorables spectacles qui sont joués et rejoués depuis les année 70. C’est parfois le corps masqué qui devient une marionnette géante, bouleversante d’une humanité bien particulière. Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil revisitent inlassablement les formes dramatiques asiatiques, grâce notamment aux masques de Erhard Stiefel. Les déclinaisons du travail théâtral masqué sont aujourd’hui multiples et n’ont pas fini de se réinventer.